Le journal Le Monde a publier cet automne deux articles aux titres évocateurs (les Moocs font pschitt ! , Mooc : la gratuité à l’épreuve de la réalité) qui ont fait pas mal discuter dans les sphères de l’enseignement numérique.
Ces deux articles font bien ressortir une incompréhension que nous avons en France sur les Moocs : nous les concevons essentiellement comme le partage libre et gratuit d’un vaste ensemble de ressources pédagogiques, mis à disposition par des établissements de haut vol, et les auteurs font bien ressortir l’illusion et les limites d’un tel système.
Je pense qu’il y a là une grosse erreur d’appréciation, un regard beaucoup trop franco-centré. Dès 2012, Laure Endrizzi avait relayé l’analyse selon laquelle, pour les universités américaines, les Moocs n’étaient pas un moyen de diffuser largement un enseignement gratuit, mais celui de répondre à une baisse « dramatic » du nombre d’inscriptions du fait des coûts prohibitifs de celles-ci. Le pari était que si on n’arrivait plus à trouver 1000 étudiants pour payer 50.000$ une formation, on pouvait tenter de trouver d’en trouver un million prêts à payer 50$.
Aujourd’hui, les plateformes américaines offrent de plus en plus de cours payants, et la plateforme FUN évolue dans cette direction. C’est directement dans la logique suivie dès départ : comme souvent en informatique, on commence par proposer des services gratuits, qu’on rend progressivement payants quand le client commence à mordre. Que faut-il en conclure ? Que l’idéal d’un accès gratuit, pour tous, à tout, n’est pas pour demain. Il me semble qu’on le savait déjà. Et dans cette conclusion, pas grand chose à dire sur les outils mobilisés par les Moocs : comme le disait aussi laure Endrizzi dans le même papier, ces outils sont efficaces quand ils sont utilisés à bon escient par des gens compétents. Là aussi, pas grand chose de neuf !