Ce mois-ci, plusieurs de rapports intéressants sur le numérique dans l’enseignement supérieur et la recherche. Autant d’éléments qui pourront nous aider à élaborer une véritable stratégie numérique.
Que sera l’ESR agronomique et vétérinaire en 2040 ?
Agreenium propose 4 scenarios d’évolution de l’enseignement agronomique et vétérinaire sous l’influence du numérique, de la prise de pouvoir des géants du numérique à la frugalité numérique dans un monde soucieux de son réchauffement et de la rareté des ressources, en passant par des schémas plus souriants mais pas forcément plus probables. Quels que soient les scénarios, il se dégage des invariants : pour la recherche, l’instantanéité du numérique devra se conjuguer au temps long nécessaire à l’observation de certains processus vivants et environnementaux, pour lesquels les liens au territoire font en outre particulièrement sens. Les outils numériques, les données massives, les Intelligences Artificielles et l’automatisation de la chaine de connaissance nécessitent de nouvelles connaissances en sciences des données. Le rôle des enseignants est désormais moins de transmettre des connaissances que d’accompagner, conseiller et contribuer à l’ingénierie pédagogique. Technologies de la communication et open data favorisent coopérations, inter et transdisciplinarité. À chacun, la transition numérique offre de nouvelles possibilités de relations réelles ou virtuelles.
Les résultats de cette prospective invitent enfin les institutions de l’ESR à la définition d’une stratégie collective, favorisant les trajectoires d’intégration numérique, et prenant en compte les vœux d’évolution de notre société.
Philippe Prevost, d’Agreenium, nous présentera cette vision prospective lors du CE du 26 mars.
Le résumé Le rapport
Quel modèle économique pour la transformation numérique des universités ?
L’IGESR (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche) s’est penchée sur les moyens nécessaires à une transformation numérique des universités. Actuellement, on n’a qu’une version partielle des coûts car les modèles mis en place sont très variés, fondés sur des démarches individuelles ou d’opportunité, et qu’aucune transformation n’est encore aboutie, s’il est possible d’imaginer qu’elle le soit compte-tenu de la rapidité d’évolution des techniques.
On ne dispose pas d’outils pour mesurer la charge de travail liée à la création, l’animation et l’actualisation des formations numériques, alors que sa reconnaissance et sa rémunération est incontournable. Le coût de transformation des architectures informatiques, des équipements spécialisés et d’adaptation des locaux ne peut pas non plus être évalué de façon satisfaisante. Dans ce contexte, chaque université a adopté une méthode d’évaluation qui lui est propre et rend difficile les comparaisons.
En ce qui concerne les moyens de financement, le rôle des fonds d’amorçage (PIA) est souligné. L’éventualité de ressources tirées de la formation continue est évoquée, mais n’apparait pas comme significative. Le redéploiement et la mutualisation des moyens doivent jouer un rôle majeur, notamment pour les petits établissements dont on estime qu’ils n’auront pas les moyens de développer une offre.
Il est formulé 11 propositions portant sur la propriété intellectuelle, la mutualisation régionale des infrastructures numériques, la mutualisation des ressources via les universités numériques thématiques, la réflexion stratégique sur les locaux, la prise en compte de la transformation numérique dans la gestion des RH et la GPEC, la réduction des couts de gestion de la scolarité par l’adoption d’une solution « on the cloud ».
Le rapport
Quelle réalité du digital learning aujourd’hui, au delà de l’université ?
Le FFFOD (Forum des acteurs de la formation digitale) a rassemblé les témoignages de plus de 400 acteurs de la formation plutôt hors université (organismes de formations-CFA, entreprises, conseils en formation, OPCO,…) sur leur usage du numérique en formation. S’il existe une tendance de fond, avec une pratique qui se généralise, la dynamique apparait comme portée par les pouvoirs publics plutôt que par les entreprises ou les organismes de formation : 71% des organismes de formation prévoient d’accélérer la digitalisation de leur offre, mais 26 % des répondants disent ne pas savoir si le Numérique facilite vraiment l’acquisition de compétences.
Le point fort de la digitalisation mis en avant par les acteurs est l’engagement des apprenants, même pour des formations où le « coup de main » est important, comme par exemple en restauration. Les principaux freins au développement sont les coûts (initiaux, récurrents, techniques, humains) et le manque de volonté, d’engagement dans la durée.
L’importance de l’accompagnement pour la réussite d’une formation digitale est soulignée, même si on signale par ailleurs que l’identification d’une réussite ne repose sur une mesure que dans 10% des cas.
Le rapport Le Ppt de présentation
Et dans le monde ?
L’IAU (association internationale universitaire) produit un travail du même genre, mais au niveau international et pour des formations universitaires : « The current state of transformation around the world in the digital era » .
Il en ressort que partout dans le monde on considère qu’il est indispensable de développer les aptitudes et les compétences requises pour participer à la société, et de prendre en compte les profonds changements apparus dans la manière d’accéder à l’information et aux connaissances. Si la transformation numérique est appelée à prendre des formes extrêmement différentes compte-tenu de la très grande variabilité de taille, de structure, d’opportunités… des établissements d’enseignements supérieurs dans le monde, cette transformation n’est pas une fin en soi et la question fondamentale reste : comment améliorer grâce au numérique la qualité et la pertinence de l’enseignement supérieur.
Si l’accès à des infrastructures numériques (ordinateurs, réseaux…) est évidemment indispensable à la transformation numérique, il ne faut pas croire qu’une fois ces investissements faits, les besoins financiers diminuent : au contraire, ils ont tendance à s’accroitre, au point d’être partout le principal frein à la transformation. Les auteurs soulignent que ce paradoxe est frappant en Europe, région du monde la mieux couverte, et celle dans laquelle les limites financières à la transformation numérique sont les plus nettes.
Le rapport souligne en fin que si la transformation numérique n’est jamais aussi rapide que souhaité, les transformations institutionnelles et culturelles qu’elle implique sont beaucoup plus lente. Il s’interroge sur le point de savoir si c’est un bien ou un mal…
Le rapport